Bounidi, le nain malchanceux des montagnes de l'ombre.

Bounidi, entouré de catins à la pilosité douteuse, piquait un somme dans son verre de rhum, affalé sur la table de la taverne du Bison d'Or. A cette heure avancée de la matinée, seuls les plus rongés par l'alcool habitaient encore cette vieille batisse des Cols Glacés. Comment en était-il arrivé la ? Comment un preux guerrier comme lui avait-il peut arriver à un tel état de débauche ? Cela faisait bientôt deux mois qu'il moisissait dans ce trou pourrit. Pourtant tout avait bien commencer :

C'était à Tarabat. Un vieil homme en guenilles et à la barbe de trois jours l'avait contacté. En l'échange d'un gros sac de piécettes d'or et d'argent, il lui avait confié une mission périeuse : "Mon ami ! Tu m'as l'air d'un guerrier aguerri, que dirais tu de réaliser pour moi une petite commission ? Bien évidement tout service méritant salaire tu seras récompensé et je ne pense pas être un mauvais payeur. Si tu acceptes d'aller jusque dans les plus hautes montagnes de Tanoth pour me rapporter la plume d'un phœnix bleu, je te couvrirais d'or et de femmes." L'étranger savait bien que la plus grande faiblesse d'un nain était la cupidité, cependant il ne connaissait pas la seconde grande faiblesse de notre héros : la malchance. Vous savez, celle qui vous colle à la peau qu'importe la situation et qui vous fait regretter le moindre de vos actes. "Vieil homme c'est avec plaisir que j'accepte de vous aider. Néanmoins j'ai connu par le passé trop de charlatans pour ne pas me méfier. Je veux toucher une partie de la somme promise avant de me lancer dans un périple long et difficile." Le nain savait bien que même si son commanditaire n'était pas d'accord, il aurait quand accepter la mission. La somme mise en jeux était telle que Bounidi ne pouvait laisser passer l'occasion. Son étrange interlocuteur se gratta la barbe et après une mure réflexion accepta l'offre du nain trapu. "Qu'il en soit ainsi ! Tu as 1 mois pour me rapporter mon dû." Il lui jeta une grande bourse de cuire rouge et s'éclipsa en un instant. Et le nain partit s'équiper pour sa mission...

Après un quart d'heure de marche, Bounidi arriva dans le bourg de la plus grande cité de Tanoth. Les rues grouillaient de monde, les marchands ambulants gueulaient à gorge déployée, et ceux qui possédaient un magasin inventaient toutes sortes de loteries, d'attractions pour rameuter "du client" comme ils disent. Notre nain n'aimait pas cette ambiance, depuis son enfance dans les montagnes de l'ombre il avait été habitué à une vie tranquille sans trop de remouds alors qu'ici tout le monde est pressé, plus personne ne prend le temps de se parler, de nouer des liens ... Voila, Bounidi se trouvait à présent devant la luxueuse échoppe d'Ivina, une elfe à la beauté insolente et aux talents commerciaux reconnus jusque dans les plus profondes galeries de la vallée des serpents. "Bonjour mon ami ! fit elle d'une voix chaleureuse. Que puis-je faire pour vous être agréable ?" Beaucoup de choses pensa Bounidi mais rien ne transparut sur son visage. "Je cherche un grand bouclier de la défense pour parer les attaques les plus puissantes, des gants en fer de l'adepte pour saisir les objets les plus lourds, une hache de l'offensive pour réduire en échardes toutes les portes qui se fermeront sur mon passage, des bottes en fer de la puissance pour me permettre de supporter les fabuleux trésors que je rapporterais de ma quête, un heaume de la beauté pour séduire les plus belles pimbêches qui croiseront ma route et enfin deux, trois bagues en émeraude pour augmenter mon charisme." Pendant que notre héros énumérait tout ce qu'il désirait, les employés de la belle blondes au décoté révoltant et aux oreilles pointues s'affairaient pour le satisfaire. Cependant Bounidi savait parfaitement que la bourse que lui avait fournit le vieil homme n'était pas suffisante pour tout payer, il allait devoir "improviser" comme on lui avait appris à l'école naine des montagnes de l'ombre. "Cela fera 1563 pièces d'or et 36 pièces d'argent" dit Ivina en lui tendant les objets qu'il avait requit. Le nain lui jeta une bourse bien remplit qui tintait fortement tout en affichant une moue désespérer. C'est toujours un déchirement douloureux pour un nain de se séparer d'une bourse même si celle-ci est remplit de fausses pièce (c'est que le cuire coûte cher de nos jours ^^ ). Et avant que l'elfe et son armé d'employés n'ait eu le temps de dire ouf, il s'enfuit dans la ruelle. Peut-être pensez vous qu'il à bien jouer son coup ? C'était sans compter sur sa malchance légendaire. Au moment où il franchit le pas de la porte de la belle équipementière, l'enseigne de l'atelier lui tomba sur le crâne. Elle pesait au moins un bon quintal. Le nain tituba quelques instant avant de tomber aux pieds "du blond", bah oui vous savez ? le mec musclé et doué au combat, toujours près à aider son prochain. Le blond, donc, ramassa notre amis qui présentait désormais une énorme bosse, et le confia à l'employé le plus costaud du groupe qui s'était lancé à la poursuite de Bounidi. "J'epère que vous punirez ce voleur comme il se doit" et le bon samaritains repartit aussi vite qu'il fut venu espérant trouver une autre personne à aider. En un rien de temps, notre héros se retrouva condamné à des travaux d'intérêts généraux sur la place publique. Enchainé à un lampadaire par le coup, il devait faire briller le marbre de la place royale avec comme seul outil sa langue et ce pendant trois jours et quatre nuits.

Après des heures et des heures de léchages sans vergogne du sol de la place royal, Bounidi n'en pouvait plus. Sa langue enflée l'étouffait, des pustules pullulaient sur son appendice buccal et pour couronner le tout, elle était si sèche qu'elle était striée par des plaies qui se rouvraient à chaque coup de langue. Tous les mômes du coin s'étaient donné rendez-vous ici jeter des toutes sortes de trouvailles sur celui qu'ils appelaient "la créature de ménage". C'est vrai que notre maitre nain avait une allure plutôt négligée d'ordinaire mais là ça piquait les yeux ! Faut dire que les employés de la boutique qu'il avait tenté de flouer n'aimaient pas vraiment qu'on se foutent de leur gueule. Les gros tas de muscles l'avaient laissé en caleçon mettant à jour sa pilosité rutilante surdéveloppée imbibée par une sueur qui dégageait une odeur pestilentielle. Sa longue barbe qui présentait encore les reste de son précédent diner avait du mal à cacher son torse difforme nacré par la crasse.

Les trois jours et quatre nuits passèrent à une lenteur affolante mais ils passèrent. On lui avait rendu ses affaires mais pas sa bourse et on le jeta hors de l'enceinte fortifiée de la ville. Bounidi se mit donc en quête d'une monture pour mener à bien la mission que le vieil homme lui avait confié. Au bout de quelques minutes de marche, notre ami arriva à la lisière d'un petit bosquet. il décida d'y faire halte, à l'abris des regards indiscrets, pour déjeuner. Il tâtonna instinctivement dans son baluchon et s'arrêta net. Mazette ! ces emmanchés lui avaient aussi prit sa pitance.

Bounidi se releva, dégaina son épée dans le but d'aller chasser. Il vérifia que son bouclier de bois était bien attaché à son bras gauche et partit en quête d'un gibier. Contrairement aux elfes, les nains devaient déployer de grands efforts pour se déplacer discrètement. Notre pauvre ami faisait fuir toutes ses cibles potentielles avant même de les avoir repérées. Voila des heures qu'il crapahutait tant bien que mal à travers la verdure luxuriante de la périphérie de Tarabat et il n'avait pas encore user de son épée. Déterminer, Bounidi ne lâcha pas l'affaire et continuait son chemin sans relâche. Avec un peu de chance il tombera sur un animal déjà blessé. Sans s'en rendre compte, toujours en quête de becquetance, le nain difforme arriva dans la vallée maudite, territoire des hommes-bêtes. Absorbé par sa faim, il ne s'en rendit pas compte et poursuivit chemin. Le soleil commençait à se coucher lorsque, épuisé, l'homuncule décida de faire une halte. Entre les marécages il avait dégoté un petit carré d'herbe bien au sec. Le paysage avait bien changé depuis qu'il avait quitter la ville. Rien que des marres de boue, jalonnée par des arbres morts et creux, habités par des armadas d'insectes; et cela à perte de vue jusqu'au pieds de la chaine montagneuse Fertagh.
GrouaaAAAaaaAAAA un hurlement puissant le tira de ses observations. un ours brun gigantesque venait de sortir de derrière un arbre. Ses crocs démesurés étaient trop imposants pour tenir dans sa gueule dégoulinant de bave ce qui renforçait son air carnassier. Bounidi, à la vue de l'animal sursauta et tomba à la renverse dans l'eau boueuse du marécage malodorant qui se tenait juste derrière lui. Tout bourbeux, il rumina quelques insultes naines de mauvais goût que je ne prendrais pas la peine de retranscrire, et il se releva arme à la main près à défendre chèrement sa peau. "Vient ici si ta des baloches !"(j'ai pas trouvé mieux pour ne pas enfreindre le règlement du forum dsl). Manque de pot, c'était bien UN ours. En moins de deux, le nain se rendit compte de son erreur et déguerpie à toute vitesse en agitant les bras et criant " AAAAAAAAAAAAA l'aiiiiiiiiiiddddeeeeeuuuuuuuuhhhhhhh !". Je vous laisse imaginer la scène : un nain difforme, avec des algues et de la boue sur tout le corps qui gigote dans tous les sens, coursé par un ours énorme qui a envie de casser la croute. Bounidi réfugia à l'intérieur du tronc d'un arbre, bravant son dégout pour les bêtes sans pattes. La grosse patte velue de l'ours n'était heureusement pas assez longue pour atteindre le lilliputien qui s'était nicher à l'opposé de la fente qui déchirait le tronc. Il ne lui restait plus qu'à attendre que le mastodonte se lasse.

Tu écrit très bien Boudini.
et ton récit et un peu humoristique. ça le fait bravo